Paris : le quartier d'affaires des Deux rives, future référence de l'économie circulaire ?

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Où en est-on du projet d’Ecologie industrielle et territoriale lancé en mars 2017 par la ville de Paris et la RATP dans le quartier d’affaires des Deux rives, entre Bercy, Tolbiac et les gares de Lyon et d’Austerlitz ? Lundi 17 septembre, élus, start-up de l’économie circulaire et entreprises privées (dont Natixis, qui compte 12 000 collaborateurs pour treize bâtiments dans le quartier) se sont réunis à la Station F – navire amiral d’un secteur désormais connu pour son audace urbaine – pour faire le point sur la mise en pratique, en cours ou imminente, des solutions apportées aux questions de mobilités douces et de gestion des déchets. L’occasion, aussi et surtout, de favoriser la mise en réseau des acteurs, sans laquelle l’économie circulaire perdrait tout son sens. 

"Dans cet espace urbain dense de plus de 350 hectares à cheval entre les 12e et 13e arrondissements, traversé par la Seine – représentant un potentiel logistique à exploiter – plus de 700 entreprises et près de 100 000 emplois sont recensés", précisent les deux instigateurs. A cette échelle, et dans un quartier aussi dense, "il n’y a pas d’équivalent à Paris" en matière d’économie circulaire, certifie Marie-Claude Dupuis, directrice stratégie, innovation et développement de la RATP. Cette dernière ne cache pas sa fierté d’avoir vu l’émergence "d’une communauté en un an", un logo, un site, une charte graphique… Et "surtout, des entreprises qui veulent passer à l’acte". Les initiatives – réduction des emballages jetables, mutualisation des plateformes de co-voiturage, gestion commune et optimisation des déchets… – devraient se déployer dès cet automne.
L’enjeu, aujourd’hui, "est de passer à l’innovation contractuelle, inscrire de façon plus formelle ces nouvelles démarches (assurance, responsabilité…) pour que ça ne retombe pas comme un soufflé".

Navi Radjou, théoricien de l’innovation frugale, espère que cette façon de faire la ville qu’incarne le projet des Deux rives "devienne une benchmark, une référence", afin que se répande "l’économie consciente" ; et son modèle économique, dont il entrevoit – "graduellement, dans les deux décennies à venir" – le développement sur trois piliers : le partage (aujourd’hui limité aux échanges entre particuliers), mais qui, demain, concernera les entreprises et "leurs déchets et actifs physiques", puis "leurs ressources humaines et leurs clients", et enfin "leurs brevets et la propriété intellectuelle, le début de l’économie séculaire de la connaissance". Second axe, les "makers", car la "vision linéaire de la chaîne de valeur" devrait "éclater, s’atomiser",  dans un processus de co-création entre producteurs et consommateurs. Enfin, l’économie circulaire, ou "en spirale", qui permettra de créer encore plus de valeurs.
Pour résumer, l’entreprise de demain aura "un esprit business, un cœur social, et surtout une âme écologique". Aux villes, aussi, de tout mettre en place pour les accueillir. Pour Antoinette Guhl, adjointe à la maire de Paris en charge de l’économie circulaire, cette nouvelle façon de faire, de penser la production et la consommation se fera "au niveau des villes et des quartiers". (JS)

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