Patrick Bouchain, Grand Prix de l’urbanisme 2019

Stratégies urbaines
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Il avait été nominé en 2018, il est sacré en 2019. Le jury réuni le 8 avril sous la présidence de Paul Delduc, directeur général de l’aménagement, du logement et de la nature, a désigné Patrick Bouchain Grand Prix de l’urbanisme. 

Architecte et scénographe autodidacte – "j’ai appris en militant", aime-t-il à souligner – Patrick Bouchain s’attache aux "lieux impensés". C’est une "figure de proue de la transformation de friches industrielles en lieux culturels et pionnier de la valorisation des lieux urbains délaissés [qui] a fait de la culture le fil rouge de son action", rappelle un communiqué du ministère de la Cohésion des territoires. Une action qui s’est traduite dans la transformation des anciennes usines LU en Lieu Unique à Nantes (2000), la Condition publique à Roubaix (2003), la scène nationale le Channel à Calais (2005).

Le jury a aussi voulu distinguer "un architecte engagé à réinventer la ville avec ses habitants, en créant des programmes sur mesure pour et avec les futurs occupants à ‘Haute Qualité Humaine’", et la pratique, avec l’agence Construire (Nicole Condorcet et Loïc Julienne), d’une "architecture collaborative et pédagogique, notamment par l’ouverture au public de ses chantiers qui deviennent ainsi de véritables moments d’action culturelle".

Patrick Bouchain a été conseiller auprès de Jack Lang au ministère de la Culture (1986–1995). Il a dirigé l’Atelier public d’architecture et d’urbanisme de Blois. Il a conduit un "atelier de production d’idées" sur les relations entre villes, friches et forêts, aboutissant à la proposition de la "Forêt des délaissés" (2000). Il a aussi collaboré avec de nombreux artistes dont Daniel Buren (les Deux Plateaux au Palais Royal en 1986) et Bartabas (théâtre Zingaro à Aubervilliers). A la Belle de Mai à Marseille, il a voulu inventer "un morceau de ville non programmé". A Boulogne-sur-Mer, l’agence Construire a réhabilité, maison par maison, un quartier modeste promis à la démolition. A Tourcoing, l’îlot Stephenson a été sauvé de la démolition par la mobilisation de ses habitants, grâce à l’organisation d’une "permanence architecturale" par l’architecte Marie Blanckaert.

Dernièrement, Patrick Bouchain avait mis en place, dans la foulée du "permis de faire", une démarche expérimentale d’urbanisme et d’architecture intitulée "la Preuve par 7", destinée à travailler à différentes échelles territoriales (village, bourg, ville, territoire métropolitain, métropole régionale, bâtiment public désaffecté, territoire d’Outre-Mer). Avec pour objectif de "promouvoir le recours à des approches inédites, dessiner de nouvelles manières de construire la ville collectivement, revendiquer un droit à l’expérimentation". C’est un "passeur militant" que le jury a voulu saluer : il a "su inspirer des générations de praticiens. En témoigne le dernier pavillon de la biennale d’architecture de Venise qui a mis en scène des pratiques de l’urbanisme inspirées de ses pratiques. Sa position originale et singulière, dans un climat d’exacerbation des tensions au sein des territoires urbanisés, paraît plus utile que jamais".

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